MEP & HCB et considérations sur la photo.
WE prolongé. La possibilité d'aller faire des expos que personne ne veut voir avec moi. Des expos de photo. Je ne sais pas pourquoi la photo n'est pas un truc qui attire dans la famille. On peut faire des kilomètres pour voir des pneus et des bouts de carton mais pas des photos.
J'ai pas de réponse à cette question étrange. Pourquoi aimer un média et pratiquer un art et se désintéresser de celui-ci lorsqu'il est exposé ? La démarche artistique est identique à celle du peintre. Un tantinet plus "facile" et plus rapide. Mais assez proche. On capte un moment, une lumière, des couleurs. Ce qu'on veut. Et on le montre aux autres. Ou pas.
Il y a un très bon article de Thorsten Overgaard, (je ne sais pas comment cela se prononce) sur ce sujet. J'aime beaucoup le travail de Thorsten (je suis pas intime, je suis flemmard). Il a un site super. Il fait aussi des formations mais elles sont hors de prix.
Dans cet article, Thorsten met en évidence que si on veut devenir un artiste il faut commencer par le décider. En gros, si tu fais des photos et que tu veux en faire ton métier ou ta passion, et bien lance toi. Il n'y a pas de "brevet" d'artiste. Genre Permis de conduire. Un permis d'exposer n'existe pas. C'est la démarche et la volonté qui fait l'artiste. Attendre d'avoir l'autorisation de se considérer comme un artiste ne fera pas avancer.
Il est vrai que la photo est plus à la portée de tout le monde. Avec un peu de pratique et surtout du sens artistique on peut autant développer une démarche artistique avec un polaroid ou un iPhone qu'avec un "bon" appareil.
Des photos, prises individuellement n'ont pas toujours un aspect artistique, mais si on met des années de "travail" d'une personne dans un recueil ou un site, alors on perçoit la démarche et l'unité de la perception de la personne.
L'exemple récent le plus flagrant est Vivian Maeir.
Cette femme américaine, d'origine Franco-Austro-Hongroise, né à New York en 1926 et décédée en 2009 aurait pu rester non seulement anonyme, mais en plus "uniquement" nourrice. Je dis "uniquement" sans jugement sur la fonction/métier de nounou. Juste que cette femme a, consciencieusement, méthodiquement, avec acharnement, compulsion, passion, photographié ses contemporains et le monde qui l'entoure sans jamais montrer une photo ou avoir la volonté d'exposer. Elle n'a jamais cru que son travail, que ses oeuvres valaient le coup d'être vu par d'autres personnes qu'éventuellement ses proches. Voir imprimée. Il semble que même la famille dont elle gardait les enfants ne connaissait pas son talent de photographe. Et pourtant, quel talent ! Je suis époustouflé par la qualité de ses photos. Le lot de négatif et de films racheté deux ronds 6 sou ( s ? x ? encore une jolie expression qui nous vient de je ne sais où) par hasard et qui contenait plus de 100.000 négatifs, ainsi que des films est assez surprenant. L'histoire a fait l'objet d'un documentaire qui va d'ailleurs sortir en salle en France durant l'été. Comment un achat d'une boite de photos "à l'aveugle" pour 400$ va révéler un immense talent inconnu jusqu'a présent. Une caisse qui aurait tout aussi bien partir à la poubelle...
Quelques exemples de l'amplitude du talent de Maier. Cadrage, lumière, portrait, reflets, opportunités... Tous les ingrédients d'un grand photographe.
Bon, j'ai donc profité du WE pour aller voir HCB ou Henri Cartier Bresson à Beaubourg. Qu'il ne faut voir que si on aime vraiment Cartier Bresson. Ainsi que Martin Parr à la Maison Européenne de la photographie.
HCB c'est bien mais franchement, trop de monde. Immense talent, photos de moments historiques, co-fondateur de Magnum, travail à Life Magazine. Rien à dire. Mais le monde à Beaubourg et l'accrochage de photos taille A4 d'une exposition immense. Dur. Si on veut sérieusement s'attarder ou juste apprécier les clichés exposés on est proche des 3 heures à piétiner. Au bout d'un certain temps, l'exhaustivité de l'exposition mène à l'exténuation du visiteur. J'ai fini par survoler les clichés, ne pas lire les cartel et ne pas vraiment profiter du moment. Dommage. Je pense qu'un peu moins de cliché m'aurait permis de patienter un peu plus et de prendre plus de temps devant ces oeuvres.
Il faut dire qu'avant j'avais fait la MEP. Avec 4 photographes exposés. 1 étage par photographe. Très bonne mise en scène. Bon Choix. Je suis sorti content de cette expo. Et ni lassé, ni épuisé.
Aucune photo bien sur. C'est la maison de la photographie, les photos sont interdites. ;-) Dimanche de pâque 17h. J'ai fait la queue. Dingue. D'habitude je n'attends pas, surtout un dimanche à 17h. Mais là j'ai eut le temps de voir les autocollants à l'entrée. No Photo. Bon.
Je vous mets deux exemples de photos de Martin Parr. Immense photographe.
Il y avait aussi des photos de Bruno MOURON et Pascal ROSTAIN. Photographe / Papparazzi. Des photos de star et de personnalités du spectacles ou de la politique. Assez sympa.
Une exposition d'autoportrait de Luciano Castelli qui est, vous l'aurez deviné, un artiste Suisse... Rien a dire. Superbe homme qui s'est mis en scène en femme/androgyne et devait s'aimer beaucoup (sur les photos il est très beau, dans l'interview il a pris un peu, voir beaucoup).
J'ai mis l'interview de Chapier. Rien que d'écouter Chapier en Allemand c'est trop choux.
Une expo que je n'ai pas faite longtemps pour cause de Dimanche Pascal. Ou juste que la musique me cassait les pieds. FOUAD ELKOURY : le pitch de la MEP : Photographe et vidéaste libanais, Fouad Elkoury vit entre Paris et Beyrouth. Dans les années 1980, il couvre la guerre civile au Liban et au Proche Orient. Son travail aborde le paysage urbain comme la dimension d’intimité ou les questions socio-politiques en temps de guerre. Je dis rien sur les photos mais la vidéo avec la musique me cassait les...
Au rez de chaussé, une joli expo de Barbara Luisi. Petite Mais c'est le sous sol/rez- de chaussée.
Et au sous-sol, dernier étage une exposition superbe mais très sombre de Jean-Michel Fauquet. Entre photo et peinture. Le travail est magnifique de profondeur. Je n'aime pas vraiment, mais, ça c'est mon goût. Le travail est remarquable de finesse et de texture. On s'éloigne de la photo pour s'approcher de la peinture.
Du coup, avec Martin Parr avant, on n'est assez éloigné comme univers. C'est un peu dommage de mettre des expositions aussi éloignée en même temps. D'un côté, on a un travail sur la photo qui est radicalement différent et c'est sympa de voir cette amplitude. D'un autre côté, après la gaité et l'humour de Parr, le côté Papparazzi de Mouron/Rostain et l'androgynie de Castelli, ce travail noir, sombre et intime de Fauquet est complètement décalé.
Allez a tout de suite.