Utagawa Kuniyoshi, Maitre de l'estampe Japonaise - Petit Palais

Utagawa Kuniyoshi, Maitre de l'estampe Japonaise - Petit Palais

Dans le sublimissime petit Palais, situé en face du Grand Palais, plus grand, plus connu une magnifique et immense exposition d'estampe Japonaise par le maitre Kuniyushi et certains de ses disciples. L'exposition est prolongée par des oeuvres d'artistes Européens qui ont été influencé par les artistes Japonais.

Certains artistes français avaient une importante collection d'oeuvres d'artistes japonais. 

L'exposition est très importante par l'importance du nombre d'oeuvres exposées. Bien que la mise en scène, le choix de l'ordre et les salles soient bonne, j'ai trouvé que les oeuvres étaient trop proches les unes des autres. On ne peut pas vraiment circuler facilement. De plus les oeuvres étant proches les unes des autres les personnes ne peuvent que s'agglutiner et faire le petit train en restant au rythme de la personne devant vous. Avec un peu de chance vous tombez sur un curieux "normal", avec pas de bol vous tombez sur le passionné qui passe 10 minutes sur une gravure. J'ai même eu un iPhone 3GS ou 4 avec un appareil photo qui prenait 2s pour déclencher. Le gars doublait toutes ses photos et prenait des détails à droite et à gauche. Une horreur. Une fois le début de l'exposition passé le nombre de personne devant les toiles diminue. Certains avancent plus vite, rassasiés des toiles précédentes.
 

Il y a plusieurs parties à l'exposition. Je ne vais pas tout refaire de façon scientifique et exhaustive. Juste quelques parties que j'ai apprécié et dessins qui représentent bien ce qu'il y a à voir. 

Ah. Réservez à l'avance. 1h de queue par 5°, dans le vent, c'est pas génial. Il faut vraiment avoir envie de voir une exposition. 

L'entrée du bâtiment. Il faisait tellement froid que j'avais drapé mon écharpe en une sorte de fichu sur ma tête et que j'ai tourné le dos à ces merveilles de sculpture pour avoir le vent dans le dos. 

L'intérieur est harmonieux, grand sans être immense, richement décoré sans être ostentatoire ni trop chargé. (Voir en bas)

Une petite frise historique assez bien faite qui me permet de ne pas passer 5 minutes à faire un point historique. 

Un portrait de Koniyushi peint par un de ses disciples Utagawa Yushiiku 

Une peinture de Kuniyoshi : Iwanaga Soren et Akoya.
La célèbre bataille de Kawanakajima qui opposa Takeda Shingen à Uesugi Kenshin.
Estampe de la série "Mitate Chochingura". 
Série sans titre de guerriers publiée par Nishimura-ya. Gravure sur bois en couleurs. Dans sa première estampe de guerriers, Kuniyoshi représente Minamoto no Yorimitsu attaqué par un moine se transformant en mygale. 

Non ce n'est pas une couverture de Strange en 1980 avec Spiderman : C'est juste une gravure sur bois de 1826...

Le fantôme de Taira No Tomomori attaquant le navire de Yoshitsune. 
Alors que le guerrier Minamoto No Yoshitsune et ses hommes traversent une tempête, le fantôme de Taira no Tomonori, transpercé de nombreuses flèches, apparait dans les flots pour les arrêter. Au moment où ils s'apprêtent à combattre, un des compagnons de Yoshitsune, du nom de Benkei, brandit son rosaire et se met à prier. La puissante loi bouddhique fait disparaître le fantôme. Kuniyoshi utilise ici pour la première fois une composition en triptyque.
Vers 1818-1820.
Dessin maître pour triptyque :
Le dessin maitre d'une estampe consiste en un simple dessin à l'encre de Chine, utilisé pour la fabrication de la planche principale. Le graveur colle ensuite ce dessin à l'envers sur la planche, puis évide le papier à l'aide d'une gouge. Le dessin est donc appelé à disparaître. Celui-ci n'a donc jamais été "imprimé".
Une série sur les qaurante-sept Ronin. Pour venger leur maître ils attaquent vers 1703 la résidence de Kira Yoshihisa à Edo et décapitent ce dernier. Ils se rendent ensuite aux autorités et sont condamnés à se suicider. Leur loyauté envers leur maître est l'objet d'une admiration fervente et devient l'un des thèmes favoris du théâtre kabuki. Cette série comprend plusieurs scènes décrivant le valeureux combat de chacun des ronin au moment du coup de force. à Gauche on peut voir Tomimori qui fait irruption dans les salons de la résidence de kira, un serviteur lui jette un brasero dont on voit retomber les projections de cendres et de braises. 

Joli petit dessin

La courtisane Jigoku : Encre et couleur sur papier

Magnifique :

La Princesse Takiyasha invoquant un monstrueux squelette dans l'ancien palais de soma. 1845/46. La princesse Takiyasha et son frère s'initient aux arts magiques auprès du sorcier Nikushisen, dans l'intention de fomenter une révolte et d'accomplir ainsi les dernières volontés de leur défunt père. Kuniyoshi représente un squelette de taille gigantesque qui semble être projeté depuis le fond vers l'avant de l'image dans un mouvement en diagonale et renversant un store de bambou. La représentation du squelette est d'un grand réalisme anatomique, comme en témoigne la précision du dessin des orifices dans lesquels passent les nerfs de la mâchoire inférieure. 

Un exemple de la proximité des toiles qui entraine la promiscuité des visiteurs et l'inconfort qui en découle. J'ai pris la photo alors qu'il n'y avait personne. 

La fête de Tanabata, le septième mois. Série sans titre de beautés avec enfants au fil des douze mois de l'année.

La pleine lune. Cette série représente des jeunes femmes en compagnies d'enfants lors des différentes fêtes qui ponctuent l'année à Edo. En haut de chaque image, un cartouche situe le décor de la scène. La pleine que l'on admire au huitième mois fait l'objet d'une fête au Japon car elle passe pour être la plus belle de l'année. A cette occasion, il est d'usage de disposer un bouquet d'herbes devant sa maison. Le kimono de coton léger appelé Yukata que porte la jeune femme représente un décor de cristaux de neige à la dernière mode du temps. 
Kintaro : Série Tissu rayé à motif de cascade en remerciement pour une prière exaucée. 1845. Les estampes de cette série associent à chaque fois une vignette montrant une scène du célèbre répertoire théâtral japonais ou un thème pictural traditionnel, tous les deux liés à une cascade et à une jeune femme figurée à mi-corps portant un kimono rayé. Le dessin encadré représente Kintaro enserrant une carpe, auquel fait écho la jeune femme portant tenant entre ses bras un koto, cithare à treize cordes, enveloppé dans un tissu dont le motif d'iris rappelle des écailles de poisson. On peut apprécier la toile de référence au dessus.
Chat éloignant les souris. Vers 1842. 
Il existait à Edo des maisons spécialisées dans l'élevage des chats pour prévenir les dommages causés par les souris. Le commentaire inscrit en haut précise : "L'habile Kuniyoshi a dessiné si fidèlement ce chat qu'il suffit d'en afficher l'image dans une maison pour effrayer les souris. Leur nombre s'en trouve considérablement diminué, et s'il en vient malgré tout, elles ne font aucun dégât. C'est là une image remarquable. "  Dos arrondi, toutes griffes dehors, le chat regarde fixement vers le haut d'un air menaçant, semblant prêt à bondir.

Très belle série :

1850. Lors des combats de sumo, le public appréciait particulièrement les jeunes garçons à la corpulence exceptionnelle, ceints du tablier rituel des lutteurs. Onikawa Rikinosuke, alors âgé de 8 ans et mesurant 1,21 m pour 68kg, poursuivit adulte une carrière de lutteur (sumotori) alors que la plupart des enfants abandonnaient l'arène par la suite. La carpe dont il se saisit ici renvoie à la légende d'un autre enfant du nom d'Oniwaka-maru, célèbre pour sa force hors du commun et qui aurait maîtrisé une carpe géante.

Une des trente six vue du mont Fuji. 


Drôle de monstre prenant le frais à la nuit tombante.
La chanson 'Bon-Bon". 1842. Durant la période d'O-Bon (fête des morts), les jeunes filles déambulaient à travers Edo en se tenant par la main et en répétant la chanson Bon-Bon. Les poissons rouges maniant leur épuisette du bout de leur nageoires parodient les humains avec leur éventails. Certains ouvrent grand leur gueule comme s'ils chantaient, eux aussi. La petite grenouille à l'éventail d'algues flottantes serre fermement la main de sa grande soeur poisson rouge. Kuniyoshi porte un regard affectueux sur les petits animaux. 

Tablette votive avec des masques d'acteurs de Kabuki.

Une série (dont un doublon pour voir mieux) de graffitis sur un mur d'entrepôt. 1848. Les tags avant l'heure.
A Edo, les murs de certains bâtiments servant d'entrepôts étaient enduits d'un revêtement de couleur blanche. Bien souvent les enfants les couvraient de graffitis. Ces deux ouvres représentent des portraits d'acteurs dessinés à la manière de graffitis qui auraient été gravés sur un mur à l'aide d'un clou. Toutes les célébrités de l'époque sont ici réunies. Signe du raffinement accompli de l'art de Kumiyoshi, sa signature ainsi que la mention de l'éditeur sont également tracées à la manière d'un graffiti. 
Asahina se divertit sur l'île des nains. Asahina est un général de l'époque de Kamakura (1192-1333, avant la période Edo) connu pour sa force surhumaine. Selon la légende qui n'est pas sans rappeler les voyages de Gulliver de Jonathan Swift, le héros quitte le Japon et séjourne dans diverses îles : le pays des géants, puis celui des nains, des long-bras, des longues-jambes et des hommes d'allure grotesque. Il est ici représenté dans l'île des nains, rgardant de toute sa hauteur une procession de minuscules seigneurs.

Personnage assemblés qui n'en font q'un. Celui du milieu s'appelle 'Il fait peur à voir mais c'est quelqu'un de vraiment bien".

Série jeux d'ombres 

53 chats font des jeux de mots sur les noms des stations de la route du Tokaido.


La suite de l'exposition est Européenne et montre l'influence et le travail d'artiste dans les mêmes type de gravure et d'imagination. Je n'ai que quelques exemples dont 

Francisco de Goya (1746-1828) - Le Colosse. 

J-J grandville 1803-1847 - Le Misocampe

Odilon Redon (1840-1916) Série sur les rêves.

Du même Odilon, sa superbe petite araignée. 

Du même Odilon

Toujours le même génie. 

Gustave Doré (1832-1883) Rue de la vieille-Lanterne ou Allégorie sur la mort de Gérard de Nerval.

Très belle exposition. Je n'ai placé ici qu'une infime partie de ce qui est exposé.

A plus. 

PS : Un petit mot sur Charles Girault. 

Ouvrier serrurier préparant l'entrée à l'École centrale, puis élève à l'École des Beaux-Arts dans l'atelier de Daumet (Architecte du Chateau de Chantilly), Girault remporte le prix de Rome en 1880. Il est remarqué pour le pavillon de l'hygiène à l'exposition de 1889 (? j'aime l'idée d'un pavillon dédié à l'hygiène, cette année il n'y en avait pas, on essaye de nourrir la planète et de sauver les réserves d'eau potable, à chaque époque ses préoccupations...); et pour la crypte de Pasteur en 1895. C'est cependant le succès du Petit Palais qui décide le roi des Belges, Léopold II, à faire appel à lui pour réaliser ses grands projets : Arc du Cinquantenaire à Bruxelles, musée du Congo à tuervueren... La mort du roi en 1910 interrompt ces travaux. Membre de l'institut, Girault est très actif au sein de la corporation des architectes, surtout au niveau international. S'il est très apprécié par ses collègues en France, c'est surtout à l'étranger qu'il est reconnu comme l'un des tout premiers architectes de son temps.

Je confirme sur le petit palais. Superbe.