Polka Galerie
Deux expositions, deux regards en N&B.
J'étais passé de nombreuses fois devant la devanture de la galerie Polka, 12 rue Saint Gilles dans le 3ème arrondissement de Paris. Complément physique du très bon magazine dont je suis lecteur occasionnel, je n'en connaissais que la partie immergée de l'iceberg.
A cause des facilité de stationnement dans ce quartier qui sont proches de 0, nous sommes dans le marais et creuser n'est pas une option, je suis très souvent passé devant, mais je n'ai jamais pris le temps de m’arrêter. Grossière erreur.
D'une part les expositions y sont toujours de qualité. Pour vérifier il suffit de se rendre sur le site internet de polka à l'espace exposition.
Lors de ma visite je peux découvrir le travail de deux artistes.
KOSUKE OKAHARA - Fragments.
Photographies prises entre 2011 et 2015 à Fukushima. 4 ans à collecter, saisir, figer des instants historiques. Mémoire de la catastrophe. Lieux vidés, à la va vite.
On arrive a percevoir le silence. L'absence de personne et de "vivant" dans les photos rend encore plus prégnant la dureté de ce qui c'est produit dans ces moments. Nous ne sommes pas en présence de photos de lieux dévastés, détruits, écrasés ou inondés. Juste des espaces vidés de vie. Rails sans train, usines désaffectées, rues vides. Décor de film catastrophe.
Les photos sont réussies. Mais je reste sur une interrogation. Sans le sens de l'histoire que je connais, est-ce que j'aurai perçu de la même façon le travail de Okahara ?
Une fois le tour de cette première exposition, un petit panneau sur une porte vous invite à continuer les expositions dans un autre lieu. Cours Saint-Gilles.
JACOB AUE SOBOL - Arrivals and Departures
Sobol (? AUE SOBOL ) est un photographe Danois. Il décide de prendre le transsibérien et de traverser la Russie avec son appareil photo. Les images qu'il en ramène sont très fortes.
D'une part les photographies en N&B sont très contrastées. Il n'y a pas beaucoup de gris dans ses photos.
D'autre part les photos de personnes, des corps et figures sont très dures. Ni compatissant, ni cruel. Ni hypocrite ni insultant. Les photos sont vraies. Les personnes rencontrées aussi. Il y a une vrai capacité chez Sobol à capturer des instants et des personnes sans fioriture, sans mise en scène. Mais il n'y a pas de pathos non plus. On n'a pas pitié lorsqu'on regarde des pieds sales et écornés. On regarde juste une belle photo.
Un petit film est projeté sur un iPad accroché à un mur au sous-sol. On voit Sobol en train de prendre certaines photos dans le train, dans une cours de jeux avec une petite fille.
Il commence par prendre en photo l'ombre de la petite fille, celle-ci est en train de grimper à une sorte d'échelle en ferraille qui forme un petit pont. Elle se laisse apprivoiser puis, spontanément pose sur ce jeu, en souriant. Et s'éclipse pour rejoindre sa mère. La photo qui en résulte est magique. Moment éphémère de petite fille qui s'est transformé en mannequin.
Les espaces photographiés sont froids. Neige, corps emmitouflés; Le traitement en constraste des photos rend bien l'atmosphère. Superbe travail.