MAISON ROUGE - Après Eden
Place à une collection privée de photographie dans le superbe espace d'exposition qu'est la maison rouge. La collection Walther.
Je vous remet un extrait du pitch de l'exposition :
Pour la 13ème exposition du cycle collection privée, la maison rouge expose la collection Walther. Originaire d'ilm, installé à New York, Arthur Walther a assemblé depuis le début des années 1990, l'une des plus importantes collections particulière de photographie au monde; exceptionnelle tant par sa dimension internationale que par la qualité et la cohérence de ses séries d'un même artiste.
Super alléchant pour qui aime la photographie.
Sauf que j'ai pas super accroché. D'un côté, ce qui est annoncé est vrai. La collection est grande, éclectique et la cohérence des séries est vrai. Sauf que je n'ai pas accroché à beaucoup d'artistes. Certains je ne les connaissais que trop. D'autres, je vois pas.
Exemple : Une magnifique collection de pistils de fleurs, feuilles, tiges et autres étamines de Karl Blossfeldt. 120 plantes en monochrome cadré centré sur un immense pan de mur. Ok, surement très intéressant historiquement et taxonomiquement parlant pour les plantes et amoureux des photos de 1920. Mais perso. Pouf. Je suis passé, j'ai vu.... OK.
Autre exemple :
Le travail de Bernd et Hilla Becher. Photographier des lieux industriels à l'abandon, des granges sans vie. Fun ? Non, germanique. Classement. Historisation. Cadrage frontal. N&B. Pas d'ombre, pas de jeu sur de la lumière. On répertorie. Méthodique.
Comme ici cette série sur des hauts fourneaux. C'est froid et pas vraiment palpitant. Il n'y a pas d'histoire. Juste un catalogue. Je comprends le concept mais il ne me touche pas.
Une section sur le Jardin avec quelques photos sympa de David Goldblatt que j'avais déjà vu a plusieurs endroits. Ainsi que des photos de Jo Ratcliffe.
Une section sur L'identité avec des personnages intéressant pris en photos par Guy Tillim. Ainsi que de superbe photos de danseurs Malik Sidibé. J'aime beaucoup le côté danse nuptiale, parade amoureuse capturé par cette photo. Beaucoup d'images que je connaissais.
De même dans les sections suivantes. Aï Weiwei en train de casser un vase. Arwed Messmer et le Berlin d'après guerre...
Mais ce qui m'a frappé c'est la série de Steven Shore sur la 6th av de NY. J'adore Steven Shore. J'ai deux trois livres de ses photographies chez moi. Et là, bof. Pas grand chose, voir rien. Il n'y aurait pas marqué Steven Shore en dessous, je ne sais pas si je me serai arrété sur cette série de photos.
Cet à cet instant que cela m'a frappé.
Je me suis retrouvé, enfant en train de coller des vignettes Panini des joueurs des équipes de football du championnat français de l'époque. Des pochettes que l'on achetait chez le vendeur de journaux et qui contenaient une série de 5 ou 10 étiquettes des joueurs et entraineurs de chaque équipe du championnat de l'année. Le but était de compléter l'album. Et donc, chouette, l'attaquant de Strasbourg, Ouais, je ne l'avais pas. Oh, encore le défenseur central de Nantes. Pff. Il me manque le gardien pour finir l'équipe..... A l'époque, je devais soutenir le Paris FC. Localement parlant c'était un peu obligé. Et puis un peu Saint-Etienne comme tous les gamins de l'époque ou presque. Ce que je veux dire c'est qu'avec cette "collection" de photos, j'ai un peu ressenti ça devant les Shore.
- J'ai 6 Steven Shore à te vendre, tu prends ?
- Oui, super, ça complète ma collection de photos pour le N&B/ La ville ET les US et j'avais de photos de lui.
- Elles sont pas super, comme photos. Tu prends quand même.
- Oui t'inquiète, c'est pour ma collec....
Un peu de la même façon j'étais content, dans mon paquet du samedi de trouver un joueur que je n'avais pas à ma collection. Même si je me foutais complètement de l'équipe en question et que je ne connaissais même pas le joueur.
De cette exposition, j'ai retrouvé un catalogue raisonné de photographies. Une collection exhaustive de genre, nom et styles.
La collection de photos de August Sander par exemple. 60 photos de portraits d'Allemands de son époque. Commencée en 1914 et inachevée à la mort de l'artiste en 1964...
Bon, ce n'est pas ma sensibilité.
Il n'y a qu'au sous sol, dans la collection Japon et tout particulièrement avec la série de Nobuyoshi Araki et ses 101 oeuvres pour Robert Frank que je suis en admiration. Magnifique photos. Superbe atmosphère. Poésie, violence, sexe, ville. Tout est retranscrit.
Je suis mitigé.
Une collection impressionnante. Un vrai travail de recherche et de taxonomie. Intéressant sociologiquement pour plein de photographies. De Golblatt à Muybridge en passant par Seydou KeÏta on a de quoi balayer plein de sociétés et de découvrir les visages des contemporains de ces photographes.
Mais ce que j'aime en photographie, ainsi qu'en peinture c'est l'émotion que me procure l'oeuvre. La décomposition du mouvement du corps d'une femme nue qui ramasse une balle avant de l'envoyer ne m'émeut pas. Même si les photos sont prises de trois angles différents.
Il reste quelques grand photographes et de grandes photographies à voir dans cette exposition. Beaucoup d'intérêt historique, mais peu d'émotion.
Allez-y. Au détour d'un mur et d'une salle, vous aurez quand même un frisson ou un sourire ou une découverte. Et ça, ça vaut les quelques euros de l'entrée quand même.
A plus.