John Singer SARGENT
Une fois n'est pas coutume je ne vais pas faire un petit post sur une exposition mais sur un seul artiste.
Et en plus ce n'est pas un moderne. Il s'agit de John Singer Sargent, peintre américain né en 1856 et mort en 1925. Il a étudié à Paris et a été amis avec Monet. Je ne veux pas faire un cours d'art sur sa peinture. En plus d'en être complètement incapable, je ne veux que partager des émotions et des sentiments ressentis en admirant les toiles de ce grand peintre. Peut-être un des plus grand de tous les temps. Il était non seulement aquarelliste mais également gouacheur (?), dessinateur...
Je ne connaissais pas cet artiste avant d'aller aux états-unis. Je suis passé à côté d'une ou deux toiles assez vite. J'allais principalement dans les musées dans les étages et sections contemporaines et modernes. Et puis un jour au Carnegie je découvre une de ses toiles qui me tape dans l'oeil. Cette année je l'ai prise en photo; elle est un peu plus bas. Et puis d'autres toiles à gauche et à droite, à NY à la Frick collection. A Baltimore. Et puis un jour, une expo complète à Boston au MFA, musée d'art, avec Val et les enfants. Et là. Ouah. Toute cette collection de Sargent devant nous, c'est assez fort. Il y a toujours une plus grande force lorsqu'on voit une somme de travail d'un artiste au même endroit, son histoire, son évolution de style, son traitement des voyages, des histoires de son époque. On peut apprécier une jolie toile dans un coin, mais quand on a toute une expo sur un artiste on est capable de comprendre et d'apprécier son travail de façon différente. L'exposition était sur ses aquarelles. Bluffant.
Je vais vous mettre quelques photos qui ne sont jamais aussi belle et impressionnante que se retrouver devant une toile "en vrai". Couleur, matière, reflet de lumière, opposition ou dialogue avec les toiles à côtés. Bref, faire une expo ou regarder des peintures sur le net, c'est pas la même , comme dirait ma fille.
Si je fais abstraction des superbes paysages et la qualité technique chez Sargent. Ce que me marque le plus chez lui ce sont ses photos. C'est comme si il avait pris une photo, saisi un instant puis plaqué cet instant sur la toile. Même si l'aquarelle est "rapide" comme technique, il fait de même avec l'huile. Il saisit l'instant et les expressions comme peu de personnes. Mouvement, et regards. Ces regards tellement forts.
Par exemple :
Espiègle, frondeuse, juste surprise ? Je ne sais pas mais en tout cas on peut se croire dans une photo, instant volé.
Autre exemple en huile, toile au Carnegie Museum Of Art de Pittsburgh.
Lumière d'un couloir à Venise. Deux femmes passent, l'une parle avec une troisième assise, dans l'ombre. La première, en blanc, éclaire la toile de sa présence. Et sa posture, main sur les hanches. éventail à la main. Elle regarde le peintre, photographe, le spectateur. Nous. Position frondeuse, semblant dire, ben tu nous peints là ? Quel talent. quelle force dans la composition. Je suis époustouflé. Le petit rectangle de lumière qui attire l'oeil et donne du mouvement. Mouvement, d'ailleurs. Chaussure de la femme qui dépasse de la robe, il ne touche pas le sol complètement, comme si on était vraiment dans une photo. Mouvement arrête, instant volé.
Et une autre, New York Metropolitan cette fois.
Que dire de ce sublime portrait. Je n'aurais jamais cru que David Caruso rendait hommage, dans les Experts Miami, à travers son personnage d'Horacio Caine, à une pose qu'affectionnait Sargent. Cette femme se tient encore avec la main sur la hanche. Il est vrai qu'il faut poser un certain temps et de nombreuses fois pour faire un portrait. La posture se devait d'être confortable pour être tenue longtemps. Mais je voudrais juste apporter mon éclairage.
Le cartel nous informe : il s'agit d'un portrait de Édith Minturn, femme de Isaac Newton Phelps Stokes en 1895. Un des amis du couple avait commandé à Sargent un portrait comme cadeau de mariage. Le portrait devait uniquement être un portrait de Madame avec son Danois, (le chien pas son amant); un jour d'inspiration et d'absence du chien, Isaac s'est proposé en remplacement (du chien), d'où la position inhabituelle du marié au second plan. On notera toutefois que même en deuxième plan, l'ombre sur son visage ne le place pas vraiment en avant, si j'ose dire. Sargent devait avoir une légère préférence pour Madame. Ou c’était une façon pour lui de faire comprendre que le marié n’était pas à la hauteur… En plus la robe blanche, la lumière sur le visage, la taille fine, la veste avec les épaulettes qui lui font prendre quasiment la totalité de la toile. Son sourire et son regard. On tombe amoureux de cette femme même 120 ans après.
C'est qui le type dans l'ombre de cette femme brillante ?
Les autres portraits de Sargent que possède le Met. Je ne referai pas l'exercice sur chacun de ces portraits mais encore une fois. Quelle présence et que talent pour mettre en avant la beauté de ses modèles.
Une de ces toiles est le portrait de Madame Pierre Gautreau. Portrait qui fit scandale en France en 1884. Femme très belle, robe noire et de profil. Peau très blanche, posture particulière et bras tourné sur la table. Décolleté. Un rare portrait de profil. Un an de travail.
Une raison qui a poussé Sargent à quitter la France et à s'installer en Angleterre. D'où le grand nombre de toiles de cet artiste que l'on trouve en Angleterre, Ecosse, Etats-unis. Dommage pour nous.
Et puis également trois autres toiles, plus proche de l'impressionnisme. La première a été faite à en s'inspirant de Giverny chez son pote Monet. Au premier plan sa soeur Juliet Sargent et derrière une amie. Toile non terminée. Puis le portrait du père Sébastien, curé botaniste des alpes Italiennes que connaissait sa soeur. Pour la dernière toile, Sargent était en vacances au Tyrol Autrichien en 1914 au moment ou l'Autriche déclare la guerre à la Serbie. Les lumières sont superbes et l'ambiance.... Brrr.
Ainsi s'achève mon petit tour modeste de Sargent. J'ai eu le plaisir de le croiser un peu partout dans le monde. Il me reste à aller au Louvre pour voir ceux que je ne connais pas encore. A deux pas de la maison. Mais a quelques heures de queue que je me dois d'affronter.